PETITE PRÉCISION : Des « romans de la rose », il y en a plein. Vraiment. À l’époque, devait y avoir une promo sur ce nom. D’où le sous-titre « Guillaume de Dole ». Faites attention, lisez tout le titre. Sur ce, voici la fiche.
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- Nom de l’oeuvre : Le Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole
- Date d’écriture : entre le XIIe et le XIIIe
- Auteur : attribué à un certain Jean Renart, qui aurait vécu entre la fin du XIIe et le début du XIIIe, et qui est sans doute français
- Traducteur ou autre : traduction de Jean Dufournet, édition par Félix Lecoy
- Genre : roman en vers, roman courtois
- Quelques-uns des thèmes abordés : amour courtois, trahison, perfection//réalité, pragmatisme, déception, chevaliers, chansons, joie, fêtes…
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LES PERSONNAGES IMPORTANTS
- Conrad, fils de Conrad, empereur
- Guillaume, chevalier, frère de Liénor
- Liénor, soeur de Guillaume, amour de Conrad
- Jouglet, un ménestrel ami avec tout le monde
- Nicole/Nicolin, un serviteur de Conrad
- le sénéchal, qui travaille pour Conrad
- le cousin de Guillaume et Liénor
- les autres personnages : ils sont là, ils sont nombreux, mais ils ne sont pas très importants donc passons
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RÉSUMÉ (attention : ce découpage est le mien et n’existe pas tel quel dans le livre)
Partie I (soit les vers 1 à 30) = Pourquoi ce livre est génial
Le narrateur dit que c’est vachement chouette comme livre, parce qu’il y a des chansons dedans ! Faut le croire ! Et puis on peut le relire sans se lasser ! Sauf si les chansons, ça vous tape sur le système.
Partie II (soit les vers 31 à 620) = Le portrait de Conrad
Le narrateur, trop sympa, nous décrit Conrad, qui est un empereur parfait : trouve une qualité, et c’est bon, il l’a ! Son empire est en paix, il y a même pas d’impôt,tout le monde il est content et riche ! Tout le monde ? Pas tout à fait : ses vassaux voudraient que le Conrad il se reproduise fissa, pour que l’utopie demeure, mais Conrad il préfère chasser (ou plutôt, profiter de l’absence des seigneurs partis chasser pour batifoler avec les épouses et les amants). C’est donc le moment idéal pour parler fringues et chansonnette ! Puis de manger, beaucoup, et bien. Et quand les chasseurs reviennent ? Et ben on remange, voilà ! Et on rechante aussi, parce qu’on n’en a jamais assez, pas vrai ?
Les insertions lyriques
- « E non Dieu, sire, se ne l’ai, // l’amor de loi, mar l’acointai »
- « La jus desoz la raine // Ainsi doit aler qui aime »
- « Se mes amis m’a guerpie, .. por ce me morrai ge mie »
- « Main se leva bele Aelie, // Dormez, jalous, ge vous en pri »
- « Main se leva bele Aeliz, // Mignotement la voi venir »
- « C’est tot la gieus, el glaioloi, // Tenez moi, dame, tenez moi »
- « C’est tot la gieus, en mi les pez, // Vos ne sentez mie les maus d’amor »
- « C’est la jus desoz l’olive, // Robins enmaine s’amie »
- « Main se leva la bien fete Aeliz // lor ci passe li bruns, li biaus Robins »
Partie III (soit les vers 621 à 867) = Cher Jouglet, raconte-moi deeees histoires !
Le narrateur, se souvenant que l’intrigue doit avancer, fait se rencontrer Conrad et Jouglet qui connaît plein d’histoires. Il lui raconte l’histoire d’un chevalier parfait amoureux d’une femme parfaite (Conrad lui file alors un manteau en cadeau) avant de lui faire l’éloge de Guillaume et de Liénor. Conrad est tellement content qu’ils… et oui, ils chantent.
L’insertion lyrique
- « Quant flors et glais et verdure s’esloigne »
Partie IV (soit les vers 868 à 1284) = Guillaume au plessis
Conrad envoie Nicole (un page garçon) chercher Guillaume rapido-presto, pendant que lui restera à sa place à chantonner, hein.
Nicole arrive chez Guillaume en huit jours, donne l’invitation, assiste à la préparation des bagages et des compagnons. Ensuite, il a même le droit de rencontrer la maman et la Liénor, avant qu’on pousse la chansonnette encore !
Puis c’est un super repas (que Guillaume prétend pauvre, ce qui prouve qu’il n’a jamais vu les repas étudiants) avant de repartir.
Les insertions lyriques
- « Fille et la mere se sieent a l’orfrais »
- « Siet soi bele Aye as piés sa male maistre »
- « La bele Doe siet au vent »
Partie V (soit les vers 1285 à 1641) = Conrad et Guillaume
Pas moyen d’échapper à des chansons en route, même si Nicole est parti chercher un logis avant de retourner vers Conrad et Jouglet pour tout leur raconter. Conrad chante, comme tout le monde.
Jouglet va voir Guillaume et lui explique la situation avant le repas et une description des fringues (les deux passions du narrateur, honnêtement). On chante encore, parce que pourquoi pas. On vous avait prévenu. Après, ils vont au château, et Conrad et Guillaume deviennent tout de suite besties.
Les insertions lyriques
- « Lors que li jor sont lonc en mai »
- « Des que Fromenz au Veneor Vença »
- « Loial amor qui en fin cueur s’est mise »
- « Aaliz main se lus. // Bon jor ait qui mon cuer a ! »
Partie VI (soit les vers 1642 à 2155) = Les préparatifs pour le tournoi
Conrad décide d’organiser un tournoi et offre un heaume à Guillaume, avant de promettre d’autres cadeaux, parce qu’il est cool. Ils mangent (et oui, ils ont au moins autant besoin de se nourrir que des gens normaux) avant de se raconter des histoires et de pousser la chansonnette. Chacun rentre chez soit, mais pas avant que Guillaume ait offert ses fringues à Jouglet et plein d’autres trucs aux autres gens (les cadeaux, c’est une sorte de compétition, à ce niveau-là). D’ailleurs, voilà-ti pas qu’ils s’échangent des cadeaux avec l’empereur ? Ben si, parce qu’ils le peuvent.
Guillaume envoie du courrier à sa maman (« tout va bien, j’ai mangé de la salade »), à ses compagnons (« venez, on va faire un tournoi !) et à un bourgeois de Liège (« tu peux me prêter du fric ? » et la réponse « oui »). Puis on va à Maëstrich pour réserver des maisons avant le tournoi. Conrad pense à Liénor qu’il n’a toujours pas vu, et Jouglet chante. Guillaume dépense du fric, et il a de nouvelles armes. C’est cool. Et puis il y a des chevaliers d’un peu partout de l’Europe qui viennent aussi, pour manger.
Les insertions lyriques
- « Mort me demeure »
- « C’est la jus en la parole, // or si bone amor novele ! »
- « Contrel tens que voi frimer »
Partie VII (soit les vers 2156 à 2575) = Les chevaliers
Encore d’autres chevaliers, c’est une vrai invasion ! On se promène, un gamin chante, Jouglet joue de la vielle… Mais avant le tournoi, STOP ! C’est la Saint-Georges, ça se fête ! Galeran de Limbourg chante, puis le fils du comte de Maëstrich, puis quelqu’un d’autre, et encore un autre… Après la fête, go dodo ! Le lendemain (après la messe), le tournoi ! On s’entraîne, mais Guillaume est quand même le meilleur ! Jouglet chante avec quelqu’un, puis deux autres hommes. Et puis on s’installe pour voir l’entrainement. Les chevaliers se réunissent dans les champs.
Les insertions lyriques
- « Bele Aiglentine en roial chemberine »
- « La jus desouz l’olive, // ne vos repentez mie »
- « Mauberjon s’est mein levez »
- « Renans et s’amie chevauche par un pré »
- « De Renaut de Mousson »
- « La gieus desoz la raine »
- « Sor la rive de mer, // mignotement alez ! »
Partie VIII (soit les vers 2576 à 2967) = Le tournoi
Tous les chevaliers sont prêts à démontrer leur valeur ! Mais Guillaume est le meilleur ! Les autres sont pas mauvais, mais Guillaume gagne et come il est trop cool, il libère tous ses prisonniers ! On se bat toute la journée, puis on se sépare sans rancoeur ni rancune ! Conrad envoie de l’argent pour aider les vaincus, histoire qu’ils restent pas sans le sou. Il est comme ça, Conrad, il laisse pas les gens dans la mélasse. Guillaume est glorieux, mais pauvre et escamoté. C’est pas grave, il est admiré et respecté ! Il se repose, prend un bain, et évidemment mange. Guillaume libère ses prisonniers, et Conrad couvre ses arrières (ou plutôt, remplit sa bourse, mais c’est la même). Du coup, Guillaume peut continuer à distribuer ses richesse comme s’il n’en avait pas besoin !
Partie IX (soit les vers 2968 à 3127) = Conrad amoureux
Petit voyage à Cologne, et Conrad veut épouser Liénor. Guillaume se méfie (« mais elle est pauvre ! »), mais Conrad réussit à le convaincre, il accepte, on chante et on envoie du courrier.
L’insertion lyrique
- « Mort est fouls, que que nus die »
Partie X (soit les vers 3127 à 3641) = La traîtrise du sénéchal
Le sénéchal les rejoint, même si c’est un traitre fourbe et mauvais. Il devient jaloux de la relation entre Guillaume et Conrad, surtout lorsque l’empereur chantonne : il devine que c’est parce que l’empereur aime Liénor. Donc il décide de la faire tomber en disgrâce. Le sénéchal va donc au plessis pour séduire à moitié la maman (notamment en lui offrant un anneau): elle lui révèle l’existence d’une tâche de naissance sur la cuisse de Liénor, donc il rentre à la cour.
Pendant ce temps, Conrad écoute des gens chanter, comme si c’était une comédie musicale.
Le sénéchal est de retour ! Conrad lui dit qu’il veut épouser Liénor, donc le sénéchal lui ment (« j’ai défloré la jeune fille muwawa, la preuve, je connais sa tâche de naissance ! »). Conrad le croit, bien sûr. Il est désespéré, donc il chante, ce qui est parfaitement rationnel, si si. Puis Conrad va à Mayence.
Les insertions lyriques
- « Quant de la foelle espoissent li vergier »
- « Quant ge li donnai le blanc peliçon »
- « Cela d’Oisseri // ne met en oubli »
- « Je di que c’est granz folie »
Partie XI (soit les vers 3642 à 4035) = Propagation de la rumeur
Guillaume est trop content, Conrad le calme tout de suite en lui révélant la prétendue faute de Liénor. Donc Guillaume s’évanouit virilement avant de retourner chez lui, tandis que Conrad chante. Guillaume, en se réveillant, confie la faute à son cousin, qui jure de réparer cet affront en allant tuer Liénor.
Le cousin va au plessis (Conrad chante) et est violent, donc on pense qu’il est possédé et on l’immobilise. Il raconte ce qu’il a entendu dire : la mère comprend la traitrise du sénéchal et s’évanouit aussi. Le neveu écoute la vérité, Liénor décide de prendre les choses en main pour récupérer son honneur.
Les insertions lyriques
- « Por quel forfeit ne por quel ochaison »
- « Ja de chanter en ma vie »
Partie XII (soit les vers 4036 à 4520) = Liénor agit !
Liénor va à la cour et on prie pour elle. Pendant ce temps, Guillaume pleurniche, et même Conrad n’arrive pas à le consoler. C’est le moment de chanter une chanson, n’est-ce pas ? Le temps passe.
Le premier mai arrive (« ça aurait dû être le jour du mariage » pleurniche tout le monde). On chante encore, pour préparer la fête, parce que le premier mai, c’est la fête. Liénor arrive à Mayence : elle commence à mettre son plan à exécution, en remettant à un jeune homme un cadeau pour le sénéchal (une croche, une étoffe brodée, une aumônière), en lui faisant croire que c’est un cadeau de la femme qu’il avait dragué. Le sénéchal doit s’attacher l’étoffe à la peau, comme une ceinture, et c’est fait d’ailleurs. Liénor, pendant ce temps, choisit une tenue qui augmente sa beauté, avec une coiffure sophistiquée. Le jeune homme revient, elle est prête, donc Liénor part après avoir distribué des cadeaux.
Les insertions lyriques
- « Quant la sesons del douz tens s’asseüre »
- « Tout la gieus, sor rive mer, // compaignon, or dou chanter ! »
Partie XIII (soit les vers 4521 à 5092) = Liénor contre le sénéchal
Liénor se promène en ville et elle est tellement belle que tout le monde se dit qu’elle serait idéale pour Conrad ! On chante, Conrad entend la fête mais peut pas participer. On sacré Liénor Reine de Mai, mais elle se met à pleurer. Même pas le temps de chanter, la pauvre ! Bon, du coup, on l’emmène à Conrad, elle le reconnaît et fait un mouvement qui la décoiffe, ce qui la rend encore plus belle. Liénor réclame justice contre le sénéchal qu’elle accuse de l’avoir violée en donnant comme preuve la ceinture, l’aumônière et la broche. Le sénéchal nie, Liénor décrit la ceinture qu’on retrouve sur le sénéchal. Conrad et Liénor acceptent qu’on s’en remette au jugement de Dieu : on organise une ordalie qui révèle l’innocence du sénéchal. Liénor révèle alors son identité et le stratagème du sénéchal pour la déshonorer et celui pour dévoiler le premier ! Que c’est compliqué !
Les insertions lyriques
- « Quant revient la sesons »
- « Amour a nom ciz maus qui me tormente »
- « Bele m’est la voiz altane »
Partie XIV (soit les vers 5093 à 5656) = Les noces
Conrad reconnaît Liénor ! Plus de chansons (vu que c’est le truc du roman, à par la bouffe et les fringues). Du coup, hop là, déclaration de mariage, on rappelle le Guillaume qui devient seigneur des barons. On prépare en hâte les noces : Liénor a une robe de mariée toute pétée, avec l’histoire d’Hélène de Troie dessus. Et puis pif paf pouf, mariage et félicité parfaite.
Le sénéchal est emprisonné. Pendant ce temps, devinez ? Exact, on mange et on chante. Puis le couple impérial va profiter de sa nuit de noces, si vous voyez ce que je veux dire.
Le lendemain, Liénor accepte de commuer la peine du sénéchal, qui doit se faire Templier. Il vient la remercier avant de partir avec les barons qui doivent rentrer chez eux. Guillaume et la maman viennent s’installer à la cour en famille. Tout le monde est heureux. Quelle émotion.
Le narrateur affirme qu’on racontera cette histoire pendant longtemps. Malheureusement, il avait tort.
Les insertions lyriques
- « Que demandez vos // quant vos m’avez ? »
- « Tendez tuit voz mains a la flor d’esté »
- « Or vienent Pasques les beles en avril »
- « Quant voi l’aloetet moder »
- « Lors que florist la bruiere »
- « C’est la gieus, la gieus, qu’en dit en ces prez »
- « C’est la gieus, en mi les prez, // j’ai amors a ma volenté »
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ARBRE DES RELATIONS
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CITATIONS
Partie I
« [C]’est une oeuvre originale si différente des autres, si bien tissée çà et là de beaux vers qu’un rustre ne saurait l’apprécier […]. »
Partie II
« Le prince mérite bien de vivre et de régner quand il gouverne si sagement son royaume. »
Partie V
« C’est un grand bien que d’aimer de tout son coeur, car on en devient beaucoup plus courtois. »
Partie VI
« Je cesse donc de parler des armes, car il est plus agréable de s’occuper de la nourriture. »*
Partie X
« Quelle extraordinaire vertu possède un beau cadeau, car il faut dire et faire bien des sottises. »
Partie XI
« S’il avait pu se venger d’Amour, il ne s’en serait pris qu’à lui : n’et-ce pas lui qui l’avait incité à aimer, sur son seul renom, la demoiselle au beau nom ? »
*Je suis tellement d’accord, tellement, tellement d’accord…